Montréal, 26 mars 2025 – C’est avec étonnement et déception que le Chantier de l’économie sociale reçoit les annonces en économie sociale du budget du Québec 2025-2026. Avec ce budget, le gouvernement semble avoir fait le choix de ralentir le développement d’un modèle d’affaires qui génère des entreprises pérennes qui bâtissent la résilience économique du Québec, rallie des investissements privés qui dépassent les attentes et qui crée un Québec plus innovant.
En effet, dans le budget, 69 millions de dollars et 29 millions de dollars de crédits récurrents sont les seules sommes annoncées présentement composant l’enveloppe du Plan d’action gouvernemental en économie sociale (PAGES) 2025-2030. Si aucune somme supplémentaire ne se concrétise, le PAGES subirait donc une coupe, comparé au dernier plan, financé à hauteur de 137 millions de dollars. Le mouvement de l’économie sociale invite donc le gouvernement à rapidement bonifier les sommes annoncées afin de renforcer le levier puissant pour le développement des collectivités que sont les entreprises collectives sur le territoire.
L’économie sociale au service du développement régional
Rappelons les faits: l’économie sociale au Québec, c’est 12 000 entreprises, 6% de la main-d’œuvre active, qui détiennent des actifs d’une valeur de 450 milliards de dollars. Le PAGES est l’outil qui développe l’écosystème de soutien qui permet de faire émerger de nouvelles entreprises, consolider les existantes et générer des innovations sociales au bénéfice des Québécoises et Québécois.
Ces entreprises sont ancrées dans leur région, ne peuvent être délocalisées, investissent les surplus générés par leur activité économique dans les communautés, et sont résilientes: en effet, le taux de survie des entreprises collectives sur 10 ans est deux fois plus élevé que celui des entreprises privées (85% vs 43%). En ce sens, investir dans le PAGES, c’est investir dans la résilience de notre économie.
Paradoxalement, le budget du Québec le souligne: « Le Plan d’action gouvernemental en économie sociale 2020-2025 a généré des investissements de 531 millions de dollars seulement quatre ans après sa mise en œuvre, dépassant sa cible de 520 millions de dollars un an avant son échéance. » En d’autres termes, le dernier PAGES a eu un effet levier significatif, générant 4 fois plus d’investissements que les sommes investies par le gouvernement, dépassant les attentes. Les investissements dans le plan d’action sont donc des investissements qui rapportent pour le gouvernement, certes, mais de façon plus importante, pour toute la population québécoise.
Un budget qui ne soutient pas l’innovation sociale
Face à la menace du conflit commercial avec les États-Unis, le ministre Girard mentionne que nous avons la responsabilité de transformer l’économie québécoise. Pourtant, dans ce budget, il est surprenant de voir que les entreprises collectives, moteurs d’innovations sociales et technologiques, sont laissées pour compte. En gestion des matières résiduelles, les entreprises collectives mettent en place des pratiques innovantes qui augmentent la circularité de nos matières, réduisant notre dépendance aux marchés mondiaux. En logement, les entreprises collectives bâtissent de nouveaux modèles qui permettent aux Québécois de se loger à prix juste. Les entreprises collectives en soins à domicile innovent dans la livraison de services afin de permettre aux personnes aînées de vivre dignement, dans leurs propres domiciles, tout en permettant de protéger la vitalité régionale.
Ces innovations ne pourront être soutenues par les crédits d’impôt annoncés dans le budget et, avec un PAGES réduit, ces entreprises verront leur capacité d’innovation et de développement amoindrie.
Le Sommet de l’économie sociale, moment fort pour l’avenir du Québec
Le choix apparent du gouvernement de faire des coupes dans l’outil de développement de l’écosystème d’économie sociale est d’autant plus décevant que le mouvement de l’économie sociale se prépare à un Sommet historique le 14 et 15 mai prochain, après deux ans de travaux.
Lors de ce grand sommet, où 1 500 acteurs du développement régional sont attendus, des annonces seront faites sur des nouveaux fonds de développement, alliances, pratiques et innovations émergentes du mouvement de l’économie sociale. La somme de ces annonces renforcera la capacité des entreprises de contribuer à résoudre les défis collectifs auxquels font face les Québécoises et Québécois et offrira à tous ceux et celles qui s’intéressent à l’économie sociale des occasions de soutenir cette façon d’entreprendre, autant au Sommet que dans les décennies à venir.
Le Sommet, financé entièrement par les contributions des entreprises collectives et leurs réseaux, des fonds d’investissement, ainsi que la Ville de Montréal, sera un lieu pour accélérer des transformations sociales menées par les communautés.
Citations
« L’économie sociale, c’est des entreprises innovantes qui génèrent des bénéfices extraordinaires pour les collectivités. Le choix de couper dans l’écosystème de soutien en ce moment de grands changements économiques et sociaux nous semble pour le moins étonnant et mal avisé et nous invitons le gouvernement à reconsidérer ses investissements, au bénéfice de la population québécoise. »
– Béatrice Alain, directrice générale, Chantier de l’économie sociale
« Dans quelques semaines aura lieu le Sommet de l’économie sociale, moment de démonstration des ambitions du mouvement de l’économie sociale à contribuer au bien-être des Québécoises et des Québécois. Au-delà des grandes annonces et innovations, les collectivités québécoises auront l’occasion de se projeter dans l’avenir et mettre en place les bases d’une transformation économique au bénéfice des communautés. »
– Laurent Levesque, président du conseil d’administration, Chantier de l’économie social
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Source:
Jacob Homel, directeur Affaires publiques
Chantier de l’économie sociale
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