À New Richmond, sur la Baie des Chaleurs, une coopérative de travailleurs, SARGIM, s’affaire tranquillement depuis des décennies à la tâche de cultiver des plants pour le reboisement de forêts publiques et privées. À plus de 1200 km de cette communauté de 3 600 âmes, en plein cœur de New York, NY, dans le grand hall des Nations Unies, une motion a traversé la ligne d’arrivée cette semaine, juste à temps pour le Jour de la Terre: Promouvoir l’économie sociale et solidaire pour un développement durable.
Après des décennies de travail par des entrepreneurs collectifs, des militants, des économistes, et la société civile québécoise, canadienne et internationale, cette motion fait acte de ce que le mouvement de l’économie sociale au Québec sait depuis des décennies: si on veut allier développement durable et développement économique, les OBNL et les coopératives qui composent le mouvement de l’économie sociale sont les meilleurs outils. La route est longue entre New Richmond et New York, mais le chemin, lui, est assez direct.
On le voit pour SARGIM, comme on le voit pour la coopérative de solidarité Option Métal à Québec qui recycle nos rejets métalliques : quand on est redevable à ses voisins, quand notre conseil d’administration est composé des membres de notre communauté, quand on subit directement les conséquences de nos opérations économiques, on bâtit des entreprises plus vertes, plus durables.
Les entreprises traditionnelles s’assujettissent aux dictats du rapport trimestriel, du prix en bourse au quotidien. Elles prennent des décisions pour maximiser leurs profits et sont redevables à leurs actionnaires. Entre-temps, les entreprises collectives sont redevables à leur communauté et doivent, par la structure même de leur gouvernance, réinvestir chaque dollar dans leurs opérations, leurs membres, ou leurs communautés.
À un moment où les conséquences de l’inaction climatique sont évidentes – et à dire vrai, terrifiantes – et à un moment où nous cherchons tous des solutions pour faire face à la crise climatique, il est inconcevable de se tourner vers des réponses individuelles, ou encore espérer que des investissements là où le retour au capital est le plus élevé puissent faire émerger les innovations transformatrices technologiques et sociales dont nous avons besoin.
Pour faire face aux chamboulements sociaux et économiques qu’annoncent les dérèglements climatiques, tournons-nous vers les solutions collectives incarnées dans les 11 200 entreprises en économie sociale partout au Québec. Des entreprises d’ici, redevables à leurs communautés, qui cherchent des solutions à l’intersection de l’économie, des besoins sociaux, et du développement durable. C’est donc un chantier gouvernemental, social, mais aussi économique qu’il nous faut: un chantier collectif.
La transformation de notre système économique n’est pas une lubie, elle est nécessaire pour notre survie. Face à ces défis collectifs, en ce Jour de la terre — et le reste de l’année! — développons donc le réflexe collectif.
Signataires:
Béatrice Alain, Directrice générale, Chantier de l’économie sociale
Marie-Josée Paquette, Directrice générale, Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM)