Avec le Mois de l’économie sociale qui bat son plein et les récentes élections municipales, le mouvement de l’économie sociale a été fort occupé ces dernières semaines. Si l’élan de la nouvelle vague a été confirmée par les élections, une vague municipale porteuse d’élus qui voient le rôle central de la gouvernance locale et du développement du territoire en faveur d’une économie plus résiliente, plus juste et plus proche des citoyens, d’autres éléments de l’actualité n’abondent pas nécessairement dans le même sens.
Le contexte est tout indiqué pour revenir sur la nouvelle vision économique du Québec, présentée le 10 novembre dernier, par le premier ministre. Le contraste entre cette vision intitulée « Le pouvoir québécois » et la Vision 2050 adoptée à l’unanimité au Sommet de l’économie sociale qui vise à terme à bâtir une économie plus résiliente, juste et durable, est palpable.
« Miser sur l’énergie renouvelable » est louable. Pourtant, face à une vision « d’augmentation massive de sa production » d’énergie, la vision du Sommet met de l’avant l’importance d’une plus grande sobriété énergétique et d’une meilleure réutilisation de nos ressources.
« Réaliser des projets stratégiques », oui! D’ailleurs, il n’y a pas plus stratégique que répondre aux grands enjeux de société, que ce soit bâtir des solutions à la crise du logement ou se pencher sérieusement sur le vieillissement de la population. Ces grands défis dépassent les capacités seules de l’État et requièrent une collaboration efficace, flexible et productive avec les acteurs de la société civile; en premier lieu, avec les entreprises et organisations qui opèrent en fonction du bien-être collectif et non uniquement pour les intérêts pécuniaires d’actionnaires.
« Faire grandir les entreprises » traduit la volonté du gouvernement d’être ambitieux pour l’économie du Québec. La Vision 2050 affiche également cette ambition. Toutefois, le mouvement de l’économie sociale la met résolument au service d’une transition sociale et écologique afin qu’elle serve le bien-être des Québécois et des Québécoises et, surtout, que cette ambition économique demeure viable et sensée dans un contexte d’aggravation des crises sociales et environnementales. Cette transition passe par la multiplication et l’élargissement d’entreprises qui répondent aux besoins de leurs communautés plutôt que le simple rendement aux actionnaires.
En ce sens, la Vision 2050 s’inscrit dans les efforts pour « saisir les opportunités offertes pour que l’économie québécoise ressorte plus forte à long terme », c’est-à-dire plus résiliente et performante dans ses impacts et ses retombées, entre autres en la rendant circulaire et plus démocratique, plutôt qu’exacerber son caractère extractif et en faveur d’intérêts privés.
L’assemblée générale annuelle du Chantier et plusieurs échanges avec tous les partis politiques à Québec qui réfléchissent à leurs plateformes électorales pour 2026 ont été l’occasion de remettre de l’avant cette vision, une vision ambitieuse et solidaire portée par des acteurs du mouvement aux quatre coins du Québec.
Ainsi, nous devons, collectivement, garder en tête cette vision commune du Québec de demain et poursuivre nos efforts concertés pour bâtir une économie qui travaille pour nous.
Béatrice Alain
Directrice générale
Chantier de l’économie sociale