11 février 2015

Économie sociale et développement durable

Développement durable. Sans aucun doute, l’expression est à la mode. Pourtant, en la matière, les énoncés et les objectifs doivent dépasser les paroles et les bonnes intentions. Alors que se profile une nouvelle Stratégie gouvernementale de développement durable, le défi qui attend le gouvernement est de faire en sorte que l’ensemble des décisions qui lui incombent dépasse les vœux pieux et soient soumis à des principes et des objectifs rigoureux. Plus que jamais, il importe que le développement durable se traduise en critères incontournables pour l’ensemble des sphères d’action du gouvernement et non pas comme un choix optionnel parmi d’autres. Trop souvent, par le passé, la tentation a été forte de faire primer la dimension économique de l’action gouvernementale et de prioriser la recherche de retombées financières ou de création d’emplois à court terme au détriment du caractère durable des actions.

Qu’il s’agisse des achats et des investissements publics, de l’organisation des services ou du soutien aux initiatives socio-économiques non gouvernementales, toutes les dimensions du développement durable doivent être intégrées à l’action gouvernementale. Et il importe que  les orientations en la matière ne se limitent pas à la seule évaluation des impacts environnementaux et prennent en compte la dimension sociale du développement durable qui en constitue l’un des piliers incontournables. À cet égard, les entreprises d’économie sociale représentent justement un modèle à la croisée des considérations économiques et sociales, un modèle économique qui favorise l’investissement dans les communautés locales, la cohésion sociale et la participation citoyenne et qui contribue donc activement à l’atteinte de cet objectif. Par exemple, les missions et les pratiques d’affaires de nombreuses entreprises collectives les positionnent bien pour accroître l’inclusion des personnes marginalisées, particulièrement de celles issues de milieux défavorisés. Dans les faits, les entreprises d’économie sociale intègrent par définition une dimension sociale dans leur action.

Certes, ces entreprises ne peuvent à elles seules répondre à l’ensemble des enjeux socio-économiques découlant de la pauvreté et de l’exclusion sociale. Que ce soit dans les politiques d’embauche, dans les politiques d’achat ou quant aux impacts divers de leur présence sur un territoire, les entreprises privées classiques doivent également faire leur part et contribuer à la dimension sociale du développement durable. L’État québécois dispose d’ailleurs d’un ensemble de leviers permettant d’inciter l’ensemble des entreprises à améliorer leur contribution à la dimension sociale du développement durable. Pour atteindre les résultats escomptés, les orientations devrons ratisser large.

Par la révision de sa stratégie, le gouvernement se donne également comme objectif l’essor d’une économie prospère, verte et responsable. On ne peut être contre. Mais il faut aller encore plus loin et insister sur l’importance d’une prospérité inclusive. Trop souvent croissance et prospérité se conjuguent aisément avec exclusion et inégalités sociales. En 2014, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a d’ailleurs publié un rapport appelant les pouvoirs publics à adopter des politiques en faveur d’une croissance inclusive en réduisant les inégalités et en améliorant le bien-être (voir billet précédent : Définir la prospérité par la croissance inclusive). Plus que jamais, il importe de favoriser des comportements orientés vers une croissance au bénéfice de tous. Il en va d’un développement véritablement durable. Et si le développement durable constitue vraiment un enjeu fondamental pour l’avenir de la société québécoise, les défis inhérents à sa réalisation sont multiples et la mobilisation de toutes les forces vives de la société sera essentielle. Pour y arriver, il importera notamment de mieux soutenir et davantage valoriser le rôle des acteurs de la société civile.

Les acteurs de l’économie sociale partagent pleinement cette volonté d’assurer un développement durable et dynamique de tous les territoires. Par définition, les entreprises d’économie sociale émergent des territoires et s’y enracinent. Elles constituent des réponses aux besoins et aux aspirations d’hommes et de femmes qui choisissent de s’impliquer activement dans leur collectivité. Plus que jamais, le Québec a besoin de leur contribution et, plus que jamais, les acteurs de l’économie sociale sont prêts à accroître leurs efforts pour un véritable développement durable du Québec.